CRITIQUE: L’ECHANGE (2008)

Universal Pictures

Le grand Clint est toujours vivant et signe une fois de plus un très grand film. Il s’agit ici d’une histoire vraie, celle de Christine Collins, mère célibataire en 1928, dont le fils est enlevé un jour où elle est au travail. Quelques mois plus tard, la police, alors gangrénée par la corruption, lui ramène son fils. Sauf que selon la mère, ce n’est pas son fils! La police était pourtant bien contente d’afficher un résultat positif et voilà que cette bonne femme leur met des bâtons dans les roues en clamant partout qu’il y a eu erreur! Sur ce fait, Christine est considérée comme démente et envoyée à l’asile. C’est sans compter sur le pasteur de l’église presbytérienne incarné par le brillant John Malkovich, à l’affût de tous les faux pas de la police qui va tout mettre en oeuvre pour la sortir de là et faire relancer l’enquête.

Eastwood met en place un récit chronologique qui expose méticuleusement les faits. Il est aidé dans cette entreprise par un casting haut de gamme avec en tête une Angelina Jolie exceptionnelle toute en retenue et en sobriété et un Malkovich comme toujours d’une intensité rare. La reconstitution est soignée et Eastwood se sort à merveille de l’énorme difficulté posée par le scénario: il arrive à traiter de plusieurs thèmes majeurs ( la corruption, la difficulté d’être une femme dans les années 20, le deuil, la peine de mort, l’arbitraire, la psychiatrie…) sans se disperser et perdre son public. Le film vous prend littéralement aux tripes et ne vous lâche plus.

A voir absolument!

CRITIQUE: SHUTTER ISLAND (2010)

Paramount Pictures France

En 1954, le Marshall Teddy Daniels et son équipier Chuck Aule sont envoyés enquêter sur l’île de Shutter Island qui abrite un asile psychiatrique peuplé des criminels les plus dangereux. Une des patientes, Rachel Solando a disparu mystérieusement de sa chambre pourtant fermée de l’extérieur…

Après Gangs of New-York, Aviator et les Infiltrés, Scorsese fait à nouveau appel à Leonardo DiCaprio pour incarner son personnage principal, un marshall traumatisé par ce qu’il a vu lors de la libération du camp de Dachau. Le choix paraît évident tant l’interprétation du célèbre Leo est saisissante. De film en film DiCaprio prend une envergure incroyable et prouve définitivement qu’il n’est pas seulement une « belle gueule » et qu’il fait en plus des choix de carrière qui frisent le sans-faute. Pour l’accompagner, Scorsese fait appel à l’excellent Mark Ruffalo et les monuments Ben Kingsley et Max Von Sydow en psychiatres inquiétants.

Avec ce vrai film de genre, Scorsese rend brillamment hommage à Hitchcock, Kubrick ou au film Shock Corridor de Samuel Fuller tout en traitant de ses thèmes de prédilection: la violence, la rédemption et bien sûr le Christ qu’on croise au détour du tatouage d’un patient. Le scénario adapté d’un Roman de Dennis Lehane ( Mystic River, Gone Baby Gone) est un bijou de précision qui offre plusieurs niveaux de lecture et évite le côté grand-guignolesque de la plupart des productions de ce genre. Scorsese nous offre des scènes d’une beauté formelle à couper le souffle, comme cette scène entre Teddy Daniels et sa femme sous une pluie de cendres.

Un très grand film de Scorsese , et Dieu sait que l’attente était forte de ma part! A peine sorti de la salle que j’avais déjà envie de le revoir!!!

Un conseil: regardez le film une seconde fois! Quand on connaît l’histoire, on s’aperçoit que de A à Z, le film peut-être vu différemment et on se rend compte que le scénario est vraiment brillant!