CRITIQUE: DES HOMMES ET DES DIEUX (2010)

« Des hommes et des dieux » retrace l’histoire des moines de Thibirine en Algérie retrouvés assassinés en 1996. Quand les massacres se multiplient, l’armée algérienne propose de mettre le monastère sous protection militaire, ce que les moines refusent. Ceux-ci apportant leur aide (médicale en particulier) aux membres du GIA, l’armée aurait commis une bavure en les prenant pour des terroristes et aurait maquiller l’accident pour faire porter le chapeau à ce même GIA.

Xavier Beauvois, à qui l’on doit l’excellent « petit lieutenant » ou encore le sulfureux « n’oublie pas que tu vas mourir » a choisi pour relater ce drame, de nous immerger dans la vie monastique, faite de prières, de recueillement et d’aide aux populations de toutes sortes. Il remplit parfaitement son objectif nous plongeant dans ce mode de vie marqué par l’austérité, aidé en cela par un Lambert Wilson et un Michael Lonsdale exceptionnels. Pour ce faire, Beauvois use de longs plans fixes et bannit toute bande originale hormis les chants des hommes d’église. Le revers de la médaille est que Beauvois peine à nous faire vraiment ressentir le climat de peur qui règne.

Reste une scène magistrale, celle du repas, sur fond de musique du « lac des cygnes », durant lequel les moines décident de rester au monastère, sachant pertinemment qu’ils y laisseront leur vie. L’autre réussite de Beauvois est de ne pas avoir montré le massacre mais simplement suggéré à travers leur ultime marche dans l’Atlas enneigé.

Un très beau film qui aurait presque pu être un chef d’oeuvre…

CRITIQUE: HORS LA LOI (2009)

Chassés de leurs terres en Algérie, trois frères prennent des chemins séparés après le massacre de Sétif. Messaoud (Roschdy Zem) part en Indochine dans les rangs français,  Saïd (Djamel Debbouze) construit une fortune dans le milieu de la nuit à Pigalle et Abdelkader (Sami Bouajila) s’engage pour le FLN à sa sortie de prison…

Avant même sa projection à Cannes, la Croisette a été le théâtre de manifestations contre le film, jugé pro-FLN et anti-français par des gens qui n’avaient même pas vu le film. Et on ne peut que juger de leur bêtise! En effet, Bouchareb ne fait que relater des évènements certes peu glorieux pour la France mais ne fait en aucun cas des héros de ses personnages qui ne sont d’ailleurs pas tous sur la même longueur d’onde. Saïd, ne veut rien savoir de la politique et cherche seulement à s’élever socialement, Messaoud suit son frère Abdelkader mais souffre de la violence dont il doit faire preuve alors qu’Abdelkader, lui,  semble aveuglé par sa cause.

Sur la forme, Bouchareb nous raconte la grande Histoire à travers la petite en réalisant une grande fresque aux faux airs de Sergio Leone (Il était une fois en Amérique) ou Jean-Pierre Melville (l’armée des ombres). Il nous relate les faits chronologiquement d’une façon certes assez classique mais qui rappelle l’excellent « l’armée du crime » de Guédiguian. L’interprétation du trio d’acteurs est fabuleuse avec mon coup de coeur pour Sami Bouajila qui paraît toujours habité par ses personnages.

Un très beau film qui mérite de réussir sa carrière en salles!