CRITIQUE: THE AMERICAN (2010)

« The American » débute dans un paysage enneigé et isolé. On découvre un couple très vite pris pour cible par un tireur d’élite: l’homme, Jack, élimine celui-ci ainsi que sa compagne. Jack semble être à la fois un tueur professionnel et une cible. Il se réfugie alors en Italie dans le petit village de Castel Del Monte qui abrite une centaine d’habitants. Toujours sur ses gardes, Jack sent la menace se rapprocher…

Deuxième long métrage d’Anton Corbijn après le génialissime « control« , biopic sur Ian Curtis le chanteur de Joy Division, « the American » est un film difficile à vendre et mal vendu. En effet, si l’on regarde la bande annonce ou l’affiche, on s’attend à un film d’action à la Jason Bourne et l’on se met le doigt dans l’oeil! Esthétiquement magnifique, « the American » est en réalité un thriller existentiel à la mise en scène volontairement austère. Pour incarner Jack, George Clooney démontre à nouveau qu’il est un acteur fabuleux aux multiples facettes. Son personnage froid, mutique paraît tout droit sorti de chez Sergio Leone! Côté scénario, il est intéressant de noter que Rowan Joffé est le fils de Roland Joffé, le réalisateur de « Mission ». A titre de comparaison, le rythme très lent, contemplatif, du film me fait penser à celui de « Somewhere » de Sofia Coppola, et comme ce dernier, pourrait en rebuter plus d’un. Moi, j’adore!

CRITIQUE: SOMEWHERE (2010)

Johnny Marco est une star de Hollywood. Il a tout mais végète dans un ennui sans limite. Logé dans le mythique Château Marmont, quand il n’a pas d’obligations professionnelles comme des interviews ou des séances photos, il tourne en rond en voiture ou regarde les gogo danceuses qu’il fait monter dans sa chambre. Mais il passe la plupart de son temps désespérement seul. Un jour, son ex-femme devant s’absenter, elle lui confie leur fille, une jeune adolescente de 11 ans qu’il connaît finalement très peu…

Quatrième long métrage de Sofia Coppola après « virgin suicides », « lost in translation » et « Marie-Antoinette », « Somewhere » nous conte finalement le passage à l’âge adulte d’un adolescent trop gâté. A la manière d’un Tarantino (l’ex de Mme Coppola qui lui a d’ailleurs décerné le Lion d’Or à Venise!), Sofia Coppola donne sa chance à un acteur disparu, Stephen Dorff, gloire éphémère des années 90, qui livre une très belle interprétation de cet acteur déconnecté de la réalité qui va reprendre goût à la vie au contact de son enfant lors d’un court séjour. Pour interpréter cette enfant, on découvre ici Elle Fanning, la brillante petite soeur de Dakota, qui prouve qu’elle est largement à la hauteur de son aînée. Dans un style très sobre très proche du documentaire, la réalisatrice surdouée nous dévoile la partie immergée de l’iceberg « Hollywood »  de telle manière que l’on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a quelque chose d’autobiographique là-dedans. La BO de Phoenix, excellente, rajoute à la mélancolie et la langueur exprimées par les images. Bref, j’ai été littéralement envoûté par le film mais je conçois qu’il en déstabilisera plus d’un à l’image de la critique très partagée à son sujet. Une très belle réussite!