CRITIQUE: DANS LA TOURMENTE

Dans la région de Marseille, un patron prépare à l’insu de ses ouvriers la délocalisation de son usine, couplée d’un détournement de 2 millions d’euros. Franck, l’un de ses salariés l’apprend et, sans en parler à sa femme Hélène, décide avec Max, son ami de toujours, de passer à l’action en organisant un braquage nocturne de l’usine. Alors que Max abat froidement le directeur, les deux amis sombrent dans la tourmente…

Pour son troisième long-métrage, Christophe Ruggia nous offre un thriller social ultra-angoissant. Il utilise un contexte social très actuel avec son lot de délocalisations pour précipiter ses personnages dans une criminalité qu’ils ne maîtrisent pas et nous donner un film noir assez réussi. Si le film est très accrocheur dès le début, c’est aussi grâce à un trio d’acteurs au diapason: Yvan Attal comme toujours excellent, Clovis Cornillac très crédible dans ce rôle de petit ouvrier coincé dans un engrenage infernal et Mathilde Seigner, parfaite dans le rôle d’épouse entraînée malgré elle dans la tourmente (dommage qu’on ne la voie pas plus souvent dans des rôles aussi intéressants!).

Mon seul regret est au niveau du scénario avec l’apparition lors de la dernière demi-heure d’une affaire politique dont on aurait très bien pu se passer. « Dans la tourmente » reste malgré tout un très bon film noir très efficace que je  vous invite à découvrir!

LA CLASSE OUVRIERE VA AU PARADIS (1972)

Lulu Massa est un ouvrier modèle au sein de son usine. Il imprime un rythme échevelé à son travail et méprise les revendications de ses camarades syndicalistes. Il fait son travail, se motivant en pensant au derrière d’une de ses collègues. Quand un jour, il se coupe un doigt avec sa machine, tous les ouvriers lancent une grève en solidarité. Cet évènement va bousculer ses certitudes…

Un an après « enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon » qui traîtait de la corruption dans son pays, Elio Petri s’attaque donc en 1972 à une peinture au vitriol de l’économie et de l’industrie. La force du film et ce qui fait encore tout son intérêt est que quarante ans plus tard, rien n’a changé. La menace prend aujourd’hui la forme des délocalisations mais l’ouvrier est toujours au centre de cette machine à broyer. Peu connu, le film récemment ressorti en salles en copies neuves avait tout de même décroché la Palme d’or à Cannes et mérite d’être (re)découvert. L’interprétation de Gian Maria Volonte est comme toujours formidable et la partition de Morricone, elle très connue, nous emporte dès le générique. A voir en attendant enfin une édition dvd à l’automne 2011.