Critique: les Innocentes

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Titre original Agnus Dei
Réalisation Anne Fontaine
Scénario Sabrina B. Karine
Pascal Bonitzer
Anne Fontaine
Alice Vial
Acteurs principaux
Sociétés de production Aeroplan Film
France 2 Cinéma
Mandarin Cinéma
Mars Films
Scope Pictures
Pays d’origine Drapeau de la France France
Drapeau de la Pologne Pologne
Genre Film dramatique
Durée 100 minutes
Sortie 10 février 2016

Pologne, décembre 1945.
Mathilde Beaulieu, une jeune interne de la Croix-Rouge chargée de soigner les rescapés français avant leur rapatriement, est appelée au secours par une religieuse polonaise.
D’abord réticente, Mathilde accepte de la suivre dans son couvent où trente Bénédictines vivent coupées du monde. Elle découvre que plusieurs d’entre elles, tombées enceintes dans des circonstances dramatiques, sont sur le point d’accoucher.
Peu à peu, se nouent entre Mathilde, athée et rationaliste, et les religieuses, attachées aux règles de leur vocation, des relations complexes que le danger va aiguiser…
C’est pourtant ensemble qu’elles retrouveront le chemin de la vie.

Un an après le fort sympathique « Gemma Bovery« , Anne Fontaine change complètement de registre avec l’adaptation d’un drame qui eut lieu en Pologne en 1945, le viol de religieuses par des soldats soviétiques. Elle s’appuie ici sur le journal de Madeleine Pauliac, résistante, médecin de la Croix Rouge qui aida les soeurs à mettre au monde leurs enfants. Si la filmographie d’Anne Fontaine est aussi variée qu’irrégulière, son nouveau film s’impose comme une oeuvre majeure. La réalisatrice évite les artifices (très peu de musique par exemple) et déploie son récit tout en sobriété et en retenue, aidée en cela par une magnifique photo de Caroline Champetier. Au-delà  de l’histoire prenante et forte, le film d’Anne Fontaine résonne à plusieurs niveaux, que ce soit avec le thème de l’intégrisme ou sur le sort des femmes dans les pays en guerre. Concernant le casting, Lou de Lâage prouve qu’elle a les épaules pour porter un vrai rôle adulte, Vincent Macaigne apporte une touche de légèreté dans la noirceur et les actrices polonaises sont toutes épatantes. Magnifique!

4.5

Critique: Notre petite soeur

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Réalisation Hirokazu Kore-eda
Scénario Hirokazu Kore-eda
Akimi Yoshida (manga)
Acteurs principaux
Pays d’origine Drapeau du Japon Japon
Genre Drame
Sortie 28 octobre 2015

Trois sœurs, Sachi, Yoshino et Chika, vivent ensemble à Kamakura. Par devoir, elles se rendent à l’enterrement de leur père, qui les avait abandonnées une quinzaine d’années auparavant. Elles font alors la connaissance de leur demi-sœur, Suzu, âgée de 14 ans. D’un commun accord, les jeunes femmes décident d’accueillir l’orpheline dans la grande maison familiale…

Deux ans après le somptueux « Tel Père tel fils« , Hirokazu Kore-Eda continue son exploration du thème de la famille avec l’histoire de trois soeurs qui, au décès de leur père qu’elles n’ont pas vu depuis 15 ans, font connaissance avec leur demi-soeur qu’elles ne connaissent pas. Si l’on ne peut qu’être charmés par le quatuor de comédiennes, toutes parfaites, par leur relation et leur caractérisation et par une mise en scène qui réserve quelques moments magiques,  la mayonnaise ne prend jamais. Autant le précédent film de Kore-Eda mettait en scène des personnages bien vivants, pleins de nuances et placés face à des dilemmes moraux qui suscitaient le débat, autant celui-ci se complaît dans la mièvrerie. En effet, si la situation relatée ici, à savoir une succession et la réunion de fratries de différents lits, devait générer des conflits, il n’en est rien tant aucun personnage ne possède ici de côté sombre, de fêlures, de failles. A plusieurs reprises, on attend un évènement ou un conflit inévitable qui ne vient pourtant jamais. Si le cinéaste, repoussant indéfiniment la conclusion de son film, nous amène à nous questionner, cette question n’est malheureusement que  » A quoi bon?  »

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