Critique: Effacer l’historique

Réalisation Gustave Kervern
Benoît Delépine
Scénario Gustave Kervern
Benoît Delépine
Acteurs principaux
Sociétés de production Les Films du Worso
No Money Productions
Pays d’origine Drapeau de la France France
Genre Comédie
Durée 106 minutes
Sortie 2020

 

Dans un lotissement en province, trois voisins sont en prise avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Il y a Marie, victime de chantage avec une sextape, Bertrand, dont la fille est harcelée au lycée, et Christine, chauffeur VTC dépitée de voir que les notes de ses clients refusent de décoller.Ensemble, ils décident de partir en guerre contre les géants d’internet. Une bataille foutue d’avance, quoique…

Deux ans après « I feel good », le duo Kervern/Delépine revient avec un neuvième film, une nouvelle comédie décapante sur le monde moderne dans lequel nous vivons. En dressant le portrait de trois laissés pour compte de la société, les deux réalisateurs entendent nous faire prendre conscience de la folie de notre quotidien. Marie vit seule sans son fils qui préfère rester avec son père qui a « plus de thune » et n’a qu’un seul but, récupérer une sex tape dont elle tient la vedette avec le petit-fils de l’inventrice de la galette saucisse. Bertrand cumule les crédits à la conso pour arriver à joindre les deux bouts et rêve de faire plier Facebook depuis le harcèlement de sa fille ado. Enfin,  Christine n’a qu’un seul rêve, obtenir plus d’une étoile sur son appli de chauffeur VTC… Avec le renfort de multiples seconds rôles de choix (Vincent Lacoste, Bouli Lanners…), les trois comédiens principaux, Blanche Gardin, Denis Podalydès et Corinne Masiero offrent tous des prestations de haute volée dans des rôles à la fois hilarants et émouvants. Comme toujours chez Kervern/Delépine, on rit beaucoup mais ça égratigne et sous des allures un peu décousues, « Effacer l’historique » parvient à évoquer tout un tas de thèmes terriblement d’actualité comme les réseaux sociaux, l’intelligence artificielle, le consumérisme à outrance, le harcèlement, l’uberisation de la société… Peut-être LA comédie de l’année!

 

 

Critique: Les Invisibles

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Réalisation Louis-Julien Petit
Acteurs principaux
Pays d’origine Drapeau de la France France
Genre Comédie
Durée 102 minutes
Sortie 9 janvier 2019

Suite à une décision municipale, l’Envol, centre d’accueil pour femmes SDF, va fermer. Il ne reste plus que trois mois aux travailleuses sociales pour réinsérer coûte que coûte les femmes dont elles s’occupent : falsifications, pistons, mensonges… Désormais, tout est permis !

Quatre ans après « Discount« , Louis Julien Petit continue dans la même veine des comédies à forte teneur sociale. Après les abus des grandes surfaces, il s’intéresse à un sujet peu traité mais ô combien fort, les femmes SDF. En adaptant un ouvrage documentaire de Claire Lajeunie, il donne la parole à ces femmes invisibles, en allant jusqu’à confier leurs rôles à d’authentiques femmes SDF, ce qui est la très bonne idée du film. Pour les encadrer, il confie les rôles des travailleuses sociales à des actrices professionnelles (Audrey Lamy, Noémie Lvovsky, Corine Masiero ou encore Deborah Lukumuena). Celles-ci sont à la hauteur de la mission mais force est de constater que le réalisme apporté par les actrices amatrices a du mal à coexister avec la présence des  « stars » auxquelles on ne croit jamais. Par ailleurs, on sent la volonté du réalisateur de traiter d’un sujet aussi important mais son envie à tout prix d’en faire un « feel good movie » parasite et anesthésie le propos avec un ton toujours léger et en évitant toujours d’être frontal. Quant à la conclusion, au premier degré plutôt désespérée, elle passe ici pour un happy end. Voilà un film que l’on ne peut détester mais qu’on aurait tout de même voulu aimer…

2.5