CRITIQUE BLU-RAY: DES VENTS CONTRAIRES

LE FILM:

La vie de Paul bascule le jour où sa femme Sarah disparait subitement. Après une année de recherches infructueuses, Paul est un homme brisé, rongé par le doute et la culpabilité. Sa dernière chance est peut être de tout reprendre à zéro : déménager avec ses deux enfants à Saint-Malo, la ville où il a grandit. Mais des rencontres inattendues vont donner à ce nouveau départ une tournure qu’il n’imaginait pas…

4 ans après son premier film de réalisateur, « 24 Mesures », qui était déjà un coup d’essai prometteur, Jalil Lespert revient derrière la caméra pour adapter le roman d’Olivier Adam, « Des vents contraires ».

Et bien, cette fois, le jeune réalisateur transforme l’essai en nous contant l’histoire de cet homme et de ses enfants qui vont tenter de se reconstruire sur le sable de la disparition inexpliquée de l’épouse. La famille complètement bouleversée par cette perte revient donc sur les lieux de l’enfance de Paul pour essayer de recommencer à vivre. Les rencontres successives, que ce soit avec Alex (Antoine Duléry), le frère pas vu depuis 10 ans, Samir (Ramzy Bedia) le déménageur, Justine (Marie-Ange Casta) l’élève de Paul à l’auto-école ou encore monsieur Bréhel (Bouli Lanners), VRP en quête d’un nouveau permis de conduire, vont toutes permettre à Paul de reprendre le chemin de cette vie interrompue depuis un an. En parallèle, la police ,incarnée par une surprenante Isabelle Carré dans un superbe contre-emploi, continue de chercher la vérité qui soulagerait enfin les consciences de la famille Anderen.

Outre un scénario extrêmement bien écrit, évitant sans cesse de sombre dans le pathos, et une mise en scène totalement maîtrisée, la grande qualité du film et de son réalisateur tient à sa direction d’acteurs. Benoît Magimel n’a jamais été aussi convaincant dans un rôle plein d’ambiguité et de subtilité, les enfants sont fantastiques et que dire de Ramzy Bedia qui , dans un petit rôle, prouve qu’il est capable d’être émouvant.

« Des Vents Contraires » est donc incontestablement l’un des meilleurs films français de 2011 que vous pouvez découvrir dans un Blu-ray irréprochable au niveau technique (comme souvent chez Universal!) où la HD magnifie les nombreux gros plans sur les visages comme les magnifiques extérieurs!

LES BONUS:

Outre une bande-annonce, on trouve un court module sur l’adaptation du roman (inutile et redondant avec ce qui suit!), une trentaine de minutes d’interviews avec le réalisateur, l’auteur et les comédiens (passionnant!), les essais des enfants (très intéressant également) et une galerie des projets d’affiches! Du bon boulot!

VERDICT:

Un excellent Bluray à tous points de vue pour l’un des meilleurs films français de 2011!
Disponible en DVD (19,99 euros) et Blu-ray (24,99 euros) chez Universal Pictures


CRITIQUE: CLOCLO

On connaît Florent-Emilio Siri pour son honnête hommage au Carpenter d’Assaut avec « Nid de Guêpes », un petit nanar hollywoodien avec Bruce Willis (« Otage ») et son Platoon français « l’Ennemi Intime » qui, sans être inoubliable avait le mérite de traîter d’un sujet douloureux, les exactions de l’armée française pendant la Guerre d’Algérie. Les précédents films de Siri avaient comme dénominateur commun une mise en scène d’une rare efficacité dans le paysage français, sans doute héritée du passé de clipeur du réalisateur. Il était donc intéressant de voir de quelle manière il allait s’en sortir avec son intrusion dans le biopic, particulièrement celui d’une icône des années 60/70, Cloclo, Claude François.

Florent-Emilio Siri choisit pour nous conter l’existence de la vedette justement de ne pas faire de choix. Durant les 2h30 de projection (qui auraient gagné à être un peu raccourcie), on suit Claude du ventre de sa mère à Alexandrie jusqu’à sa tombe, 39 ans plus tard. Entre temps, on ne rate aucun des tubes (ah! Si! « je vais à Rio »! Mais pourquoi cet oubli!) du chanteur ni aucune conquête (et il en a eu le bougre!). Et pourquoi cette manie de tout surligner au fluo des fois qu’on comprendrait pas: combien de plans sur ses pieds qui trépignent ? Et pourquoi ce besoin de nous bassiner avec la bande originale sirupeuse à souhait d’Alexandre Desplats? La première demi-heure est en particulier assez pénible! Et pourquoi assister à la dernière douche de Cloclo dans son intégralité, ménageant une espèce de suspense malsain alors qu’un simple fondu au noir aurait suffit, tout le monde connaissant ce drame ? Et enfin, pourquoi chercher à singer au maximum des personnes existantes jusqu’à tomber dans le ridicule ? Cette question vaut pour le rôle de Paul Lederman; Voulant donner un rôle à son acteur fétiche Benoît Magimel, c’est lui qui se trouve affublé d’un faux ventre, d’une perruque, un faux nez et de fausses dents, et nanti d’un accent pied-noir à la Roger Hanin! Grotesque!

Malgré tout, Cloclo comporte quelques bonnes choses qui en font un film malgré tout pas désagréable! L’interprétation du chanteur est assez réussie, même si quelque chose me gêne toujours un peu chez Jérémie Rénier sans savoir trop quoi, et sa ressemblance est parfois saisissante sans trop d’artifices. La mise en scène de Siri reste assez efficace en particulier dans les scènes de concert et réserve quelques belles surprises notamment la très belle scène de « my Way » par Sinatra. Enfin, et surtout, le portrait donné du chanteur est assez équilibré, montrant bien les deux faces du personnage: l’idole d’un côté et la personnalité souvent infecte d’un homme égoïste, capricieux, maniaque, égocentrique qui va jusqu’à cacher un de ses fils pour préserver son image de chanteur à femmes. Un portrait fidèle , après tout, c’est ce qu’on demande à un biopic…