Abel et Marianne sont séparés depuis 10 ans. Alors qu’ils se retrouvent, Abel décide de reconquérir Marianne. Mais les choses ont changé : Marianne a un fils, Joseph, et sa tante, la jeune Ève, a grandi. Et ils ont des secrets à révéler….
Abel et Marianne sont en couple. Ils sont tous les deux dans leur appartement lorsqu’elle lui annonce qu’elle est enceinte. Abel est heureux mais le bonheur est de courte durée car Marianne précise que ce n’est pas lui le père, puis elle enchaîne en lui apprenant qu’elle a décidé d’épouser cet homme. La chute est brutale d’autant que le mariage est prévu dans quelques jours. Cette première scène, surréaliste et très drôle, est à l’image de ce second long métrage de Garrel, trois ans après le prometteur « les Deux Amis ». Le personnage incarné par Louis Garrel sera l’objet de deux femmes incarnées par Laetitia Casta dans l’un de ses meilleurs rôles et Lily Rose Depp qui lève ici les réserves que l’on pouvait avoir à son sujet dans « la Danseuse ». Le trio d’acteurs semble beaucoup s’amuser dans ce marivaudage fortement empreint de Nouvelle Vague (microcosme bourgeois parisien, nombreuses voix off) et le spectateur avec eux. Un très bon moment!
Pour ce premier article en tant qu’invitée du blog Cinedingue, j’ai décidé de vous parler de l’Urban Films Festival.
Avant cela, je tiens à remercier Cyrille de me laisser la parole sur sa rubrique Idées courtes.
En tant que réalisatrice engagée pour la promotion des courts-métrages, je souhaite partager avec vous mes coups de coeur, et vous proposer de (re)découvrir ce format souvent peu valorisé.
L’Urban film festival, dont la 13ème édition s’est déroulée du 9 au 14 octobre dernier, est le 1er festival international de courts-métrages à Paris. Ses organisateurs le décrivent ainsi : « Initié par RStyle et soutenu par la Mission Cinéma, l’Urban Films Festival est le premier festival du film consacré à la ville, aux pratiques et aux modes de vie qui en émanent. »
Plus de 500 courts-métrages ont été présentés au jury pour cette édition parrainée par Jamel Debbouze. 37 ont été sélectionnés parmi lesquels de nombreux documentaires, format que j’ai eu plaisir à redécouvrir.
Mais concentrons-nous sur les courts-métrages qui ont été primés :
La HCHOUMA d’Achraf Arjaoui, une fiction de 8 minutes qui nous raconte une tranche de vie de Kamel, jeune rappeur qui distribue le journal à la sortie du métro, et qui croise son ex. Le hic : il lui avait fait croire qu’il travaillait dans un label de musique… Aléa amoureux ordinaire auquel chacun peut être confronté, et dans lequel on se laisse embarquer, notamment grâce à une narration sans temps mort. Ce court remporte le prix Grand public ainsi que le Grand prix du festival.
MALGRE EUX de Djigui Diarra met le doigt sur les bavures policières auxquelles sont confrontés les jeunes. Ce court-métrage aborde un sujet poignant en faisant un pied de nez aux spectateurs… Le scénario est très bien pensé. Seul petit regret, l’image et la réalisation laissent un peu sur sa faim et le spectateur peut être frustré de ne pas plus ressentir les sentiments que l’on pourrait éprouver face à ces situations. Un Grand prix papa films mérité !
SACRILEGE de Christophe M. Saber nous plonge dans les péripéties de Saoud qui est accusé d’avoir volé l’argent d’une mosquée et qui essaye de se défendre comme il peut. Ce court peut rappeler le film marquant Le Prophète. On ne comprend pas forcément où l’on veut emmener le spectateur, mais la qualité des images est très bonne et le court a reçu le prix de L’urban films Festival.
I SHOT HER nous invite à parcourir une ville à travers les yeux d’un photographe chargé de prendre en photo la femme d’un mafieux. Une bonne réalisation et un très joli regard en noir et blanc sur un quartier urbain. Peu d’action, mais une très belle voix narrative aux tons graves sur une musique jazz qui rythme bien le film. I SHOT HER a reçu le prix Extra-court, crée par l’Agence du court métrage.
En dehors des courts primés, je tenais à vous parler de mon coup de coeur : JE MANGE FROID. Dans ce court, on suit les péripéties d’un groupe de 3 rappeurs dont les répétitions la veille d’un important concert sont perturbées par la garde surprise de la nièce de l’un d’entre eux… Il n’a pas été primé, sûrement en raison de quelques temps morts sans dialogue qui peuvent en décevoir certains, mais il scénarise très bien la réalité de 3 jeunes qui veulent à tout prix réaliser leur rêve. Complicité, simplicité, tendresse et humour se dégagent de ce trio émouvant auquel se joint cette petite fille qui vient casser la dureté apparente des rappeurs.
Pour résumer, un festival avec une programmation aux scénarios très riches, dont le thème urbain est bien illustré et qui met en lumière la vision internationale de Paris sur le cinéma.
La richesse des courts repose en grande partie sur leur dimension « essai ». Ainsi, même quand ils ne sont pas aboutis, ils restent très riches et intéressants en terme de création pure et dure. Non limité par un cadre donné, le réalisateur peut laisser libre court à sa créativité.
Tous les courts-métrages cités pourront être visionnés au Forum des images début 2019.