Critique: Quo Vadis, Aida?

Jasmila ŽBANIĆ

Bosnie-Herzégovine, France, Allemagne, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Autriche, Turquie

2020 / 103’ / Bosnien / Anglais, Néerlandais / Flamand

Bosnie, juillet 1995. Aida est traductrice pour l’ONU dans la petite ville de Srebrenica. Lorsque l’armée serbe prend le contrôle de la ville, sa famille fait partie des milliers de citoyens qui cherchent un abri dans le camp de l’ONU. Témoin des négociations, Aida a accès à des informations cruciales qu’elle doit interpréter. Qu’est-ce qui se profile à l’horizon – le sauvetage ou la mort ? Quelle décision doit-elle prendre ?

Cinquième film de Jasmila Zbanic, cinéaste bosnienne à qui l’on doit « Sarajevo mon Amour » réalisé en 2006, « Quo Vadis, Aida? » s’inspire du génocide de Srebenica en 1995. On suit Aida, interprète pour les casques bleus dans un camp de l’ONU. Alors que les milliers d’habitants de Srebenica souhaitent entrer dans le camp de l’ONU pour trouver refuge après avoir été chassés par les Serbes du Général Mladic, elle doit aider les Casques Bleus à trouver une solution. Deux missions lui incombent: aider à sauver ses concitoyens d’une mort certaine et surtout sauver son mari et ses deux fils. Porté par Jasna Duricic, actrice au regard incroyable d’intensité, « Quo Vadis, Aida? » multiplie les images fortes et s’avère empreint d’une tension rare durant 1h45 d’autant que tout le monde se souvient de l’issue tragique des hommes de Srebenica. Un film fort et puissant qui noue les tripes et nous rappelle que la barbarie n’est jamais très loin…

Critique: Cigare au Miel

Kamir AÏNOUZ

France, Belgique, Algérie

2020 / 100’ / Français / Arabe
Premier film

Selma, 17 ans, vit à Neuilly-sur-Seine en 1993, dans une famille berbère, cultivée et laïque. Alors que la terreur du fondamentalisme émerge dans leur pays d’origine, Selma rencontre Julien, un garçon provocateur. Elle réalise à quel point les traditions du patriarcat contrôlent sa vie et son intimité. Au risque de remettre en question tout l’équilibre de sa famille, Selma va lutter pour reprendre le contrôle de son corps, de ses désirs et de sa vie. 

Présenté en compétition au Festival de Cinéma Européen des Arcs, « Cigare au Miel » est un premier film de Kamir Aïnouz, co-production franco-belgo-algérienne. Situé au début des années 90, alors que l’Algérie tremble sous les attentats du GIA, « Cigare au Miel » est le récit initiatique du passage à l’âge adulte de Selma, prise en tenaille entre deux cultures. Ses parents, plutôt cultivés gardent encore les stigmates d’une culture patriarcale où la femme n’a que très peu la parole. Elle, née en France, grandit dans une Culture européenne très libérée. Ce grand écart culturel qu’elle vit au quotidien n’est pas sans générer des tensions au sein de sa famille mais va permettre également à sa mère d’engager une vraie prise de conscience et elle aussi de trouver sa voie. Ce premier film plutôt maîtrisé est l’occasion de découvrir la naissance d’une actrice, Zoe Adjani, nièce d’une certaine Isabelle, dont on devrait reparler tant elle ne tardera pas à se faire un prénom.