Critique Bluray: Innocence – Evolution

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Innocence :
Quelque part, dans une forêt, une école. Là, isolées du monde, de très jeunes filles apprennent la danse et les sciences naturelles…

Evolution :
Nicolas, onze ans, vit avec sa mère dans un village isolé au bord de l’océan, peuplé uniquement de femmes et de garçons de son âge. Dans un hôpital qui surplombe la mer, tous les enfants reçoivent un mystérieux traitement. Nicolas est le seul à se questionner. Au cours des étranges et inquiétantes découvertes qu’il fera, Nicolas trouvera une alliée inattendue en la personne d’une jeune infirmière de l’hôpital…

Jolie initiative de l’éditeur Potemkine que de réunir dans un combo Bluray/DVD les deux films de Lucile Hadzihalilovic, « Innocence » (2004) et « Evolution » (2015). On retrouve dans ces deux films le même univers à la frontière entre réel et fantastique, ces mondes sans hommes où l’enfant tient une place prépondérante et cette même recherche esthétique et ce travail remarquable sur l’image et le son. Ce coffret est l’occasion rêvée de découvrir une réalisatrice singulière dans le Cinéma français.

Techniquement, les copies proposées sont de qualité même si le film le plus ancien propose une image avec un grain que n’a pas le plus récent. Côté bonus, on trouve sur le bluray le court-métrage « Nectar » (2013) et sur les DVD quelques bonus intéressants dont un excellent entretien avec la réalisatrice et son chef op mené par le très pertinent Philippe Rouyer.

Une très belle édition!

Critique: Boyhood

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  • Date de sortie :
    23 juillet 2014
  • Réalisé par :
    Richard Linklater
  • Avec :
    Ellar Coltrane, Patricia Arquette, Ethan Hawke…
  • Durée :
    2h43min
  • Pays de production :
    Etats-Unis
  • Année de production :  2014
  • Titre original : Boyhood
  • Distributeur :
    Diaphana

Chaque année, durant 12 ans, le réalisateur Richard Linklater a réuni les mêmes comédiens pour un film unique sur la famille et le temps qui passe. On y suit le jeune Mason de l’âge de six ans jusqu’ à sa majorité, vivant avec sa sœur et sa mère, séparée de son père. Les déménagements, les amis, les rentrées des classes, les premiers émois, les petits riens et les grandes décisions qui rythment sa jeunesse et le préparent à devenir adulte…

Lorsqu’on suit le cinéma américain aujourd’hui, on s’aperçoit que les personnages sont souvent sacrifiés au détriment de l’action; il faut toujours qu’il se passe quelque chose, si possible spectaculaire! Si l’on veut voir des personnages un tantinet travaillés, on doit se rabattre sur la série TV, discipline dans laquelle excellent les scénaristes américains. Richard Linklater, à l’instar d’Alexander Payne, est l’un des rares cinéastes à privilégier ses personnages et leur évolution. Pour ce faire, il use de méthodes proche de la série TV comme avec sa trilogie des Before grâce à laquelle il raconte l’évolution d’un couple en trois films sur une vingtaine d’années. Avec Boyhood, il pousse le concept à l’extrême, tournant son film sur 12 ans avec les mêmes comédiens que l’on voit vieillir (sans grimages!) durant les 2h45 de métrage.

Loin d’un simple film expérimental, Boyhood nous montre la vie d’une famille éclatée, sans évènement extraordinaire mais des évènements de tous les jours: les punitions, les chagrins d’amour, les virées entre potes, la fac…. Linklater manie l’ellipse avec grâce, nous faisant sauter deux ou trois ans par l’intermédiaire d’une coupe de cheveux, d’une chanson… on voit les personnages évoluer par petites touches et l’on s’y attache vraiment comme si l’on faisait partie de la famille. A travers une vraie réflexion sur la famille ou le rôle de parent, Linklater dresse aussi un portrait de son pays et de son évolution sociale, politique ou religieuse et offre en même temps un fabuleux cadeau à ses comédiens Ethan Hawke, Patricia Arquette (trop rare), Ellar Coltrane et Lorelei Linklater, qui le lui rendent bien!

Envoûtant, original, passionnant, Boyhood est le premier très grand film de 2014! A ne rater sous aucun prétexte!

NOTE: 9.5/10