Critique: Carré 35

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« Carré 35 est un lieu qui n’a jamais été nommé dans ma famille ; c’est là qu’est enterrée ma sœur aînée, morte à l’âge de trois ans. Cette sœur dont on ne m’a rien dit ou presque, et dont mes parents n’avaient curieusement gardé aucune photographie. C’est pour combler cette absence d’image que j’ai entrepris ce film. Croyant simplement dérouler le fil d’une vie oubliée, j’ai ouvert une porte dérobée sur un vécu que j’ignorais, sur cette mémoire inconsciente qui est en chacun de nous et qui fait ce que nous sommes. »

Eric Caravaca mène l’enquête à travers « Carré 35 ». S’il choisit le documentaire, c’est bien à un vrai polar que l’on assiste. Durant des années, il ne cherche pas un assassin mais seulement la vérité sur une soeur, Christine, qu’il n’a jamais connu, morte bien avant sa naissance, à l’âge de trois ans et dont il n’a absolument aucune photo. Il interroge sa famille, son frère, son père mais surtout sa mère qui semble enfouir dans sa mémoire de multiples secrets. Mêlant l’histoire intime de sa famille et la grande Histoire sur fond de guerre d’Algérie, « Carré 35 » se révèle passionnant et poignant. Caravaca n’y règle pas ses comptes mais cherche à éclairer des zones d’ombre, de celles que renferme chaque famille, celles qui au lieu de préserver, empêchent d’avancer et de se construire. L’un des grands films de l’année!

4.5

Critique: Faute d’Amour

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Titre original Нелюбовь
Loveless
Réalisation Andreï Zviaguintsev
Scénario Oleg Neguine
Andreï Zviaguintsev
Acteurs principaux

Mariana Spivak
Alexeï Rozin

Sociétés de production Non-stop Production
FetisOFF IllusiON
Why Not Productions
Senator Film
Les Films du Fleuve
Pays d’origine Drapeau de la Russie Russie
Drapeau de la France France
Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Drapeau de la Belgique Belgique
Genre Drame
Durée 127 minutes
Sortie 20 Septembre 2017

Boris et Genia sont en train de divorcer. Ils se disputent sans cesse et enchaînent les visites de leur appartement en vue de le vendre. Ils préparent déjà leur avenir respectif : Boris est en couple avec une jeune femme enceinte et Genia fréquente un homme aisé qui semble prêt à l’épouser… Aucun des deux ne semble avoir d’intérêt pour Aliocha, leur fils de 12 ans. Jusqu’à ce qu’il disparaisse.

Cinquième film du Russe Andreï Zviaguintsev, après les remarqués « Elena » et « Leviathan« , « Faute d’Amour » a raflé très justement le Prix du Jury lors du dernier Festival de Cannes. A travers une histoire de famille, le cinéaste dénonce les travers de sa patrie et de ses institutions. Boris et Genia, en pleine séparation, sont chacun obsédés par leur propre personne et leurs histoires d’amour respectives. Entre les deux, le petit Aliocha reste invisible à leurs yeux et souffre en silence de voir ses parents s’éloigner l’un de l’autre mais aussi de lui. Tout à coup, la disparition de l’enfant va rappeler les parents à leurs responsabilités mais aussi malheureusement, offrir à chacun des munitions contre l’autre. A côté de ça, la justice russe impuissante à gérer l’affaire, les recherches sont confiées à une sorte de « milice privée ». A travers cette histoire qui aurait pu donner lieu à un thriller, Zviaguintsev décide de parler, plus que d’une disparition d’un enfant, de la disparition de l’amour, tant tous ses personnages rivalisent de cynisme et d’égoïsme. Puissant par son histoire, « Faute d’Amour » l’est également par son interprétation et sa mise en scène en tous points remarquable. L’un des plus grands films de 2017, si ce n’est le plus grands! Chef d’oeuvre!

5