CRITIQUE LA GRANDE BELLEZZA

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Rome dans la splendeur de l’été. Les touristes se pressent sur le Janicule : un Japonais s’effondre foudroyé par tant de beauté. Jep Gambardella – un bel homme au charme irrésistible malgré les premiers signes de la vieillesse – jouit des mondanités de la ville. Il est de toutes les soirées et de toutes les fêtes, son esprit fait merveille et sa compagnie recherchée. Journaliste à succès, séducteur impénitent, il a écrit dans sa jeunesse un roman qui lui a valu un prix littéraire et une réputation d’écrivain frustré : il cache son désarroi derrière une attitude cynique et désabusée qui l’amène à poser sur le monde un regard d’une amère lucidité. Sur la terrasse de son appartement romain qui domine le Colisée, il donne des fêtes où se met à nu « l’appareil humain » – c’est le titre de son roman – et se joue la comédie du néant. Revenu de tout, Jep rêve parfois de se remettre à écrire, traversé par les souvenirs d’un amour de jeunesse auquel il se raccroche, mais y parviendra-t-il ? Surmontera-t-il son profond dégoût de lui-même et des autres dans une ville dont l’aveuglante beauté a quelque chose de paralysant…

Présenté en compétition au dernier Festival de Cannes, le sixième film de Paolo Sorrentino, sans être parfait, restera comme l’un des films importants de cette année. Durant deux heures trente, le cinéaste italien nous offre une plongée dans une Rome complètement déboussolée, guidée par uniquement par les valeurs matérielles, à travers le personnage d’un écrivain en plein questionnement. Film extrêmement riche, la Grande Bellezza, bien que passionnant de bout en bout, peine à tenir un propos vraiment clair nous laissant nous demander au final ce que le film veut bien nous raconter. Sorrentino évoque donc Rome, l’art et le processus créatif, l’amour, la religion dans un maesltrom d’images et de musique totalement jubilatoire. En multipliant les changements de rythme et à l’aide d’une bande originale qui va de la techno aux chants sacrés, il nous convie à une expérience sensorielle totale qui maintient l’intérêt du spectateur malgré ce propos un peu abscons. La photo exceptionnelle de Luca Bigazzi, la réalisation époustouflante de Sorrentino et l’interprétation dantesque du meilleur acteur italien (Toni Servillo) achèvent de faire de la Grande Bellezza, à défaut d’un chef d’œuvre, l’un des films majeurs de 2013.

NOTE: 8.5/10

 

CRITIQUE: NOUS NOUS SOMMES TANT AIMES (1974)

Gianni, l’avocat lombard (Vittorio Gassman), Antonio, le militant de gauche romain, brancardier dans le civil (Nino Manfredi) et Nicola, l’enseignant napolitain passionné par le septième art (Satta Flores) deviennent amis au sein de la résistance italienne. A la fin de la guerre le trio se retrouve à Rome, où il rencontre une jeune femme, Luciana (Stefania Sandrelli). Ils vont s’aimer, se perdre, se retrouver, traçant, en creux, le bilan d’une génération désabusée.

En 1974, « nous nous sommes tant aimés » est le huitième film d’Ettore Scola mais c’est bien le premier à participer à la renommée de son auteur avant « affreux, sales et méchants ». Le metteur en scène italien nous offre à travers le récit de ces trente années d’amitié un voyage passionnant dans l’Histoire de l’Italie et de son Cinéma. Il nous montre par exemple à travers une scène de débat à la suite de la projection du « voleur de bicyclettes » de De Sica, la volonté farouche du parti « démocratie chrétienne » de supprimer le genre néoréaliste du paysage cinématographique de l’époque. On a également droit à une scène où les personnages se retrouvent sur le tournage de « la dolce vita » de Fellini avec l’apparition du Maître lui-même et de Mastroianni. Et toutes ces références au Cinéma sont l’occasion de belles trouvailles de mise en scène jubilatoires! Sans compter la magnifique interprétation du quatuor, Nino Manfredi en tête même si Aldo Fabrizi dans le rôle de l’homme d’affaires véreux est fabuleux.

Un film magnifique, fleuron du cinéma italien des années 70.