Critique: After Love

Aleem KHAN

Royaume-Uni

2020 / 89’ / Anglais / Arabe, Français, Ourdou
Premier film

Mary Hussain se retrouve veuve après le décès inattendu de son mari. Un jour après l’enterrement, elle découvre qu’il cachait un secret à seulement 34km de l’autre côté de la Manche, à Calais.

Premier film anglais, « After Love » est présenté cette année au Festival de Cinéma Européen des Arcs en compétition. Mary, convertie à l’Islam depuis son mariage avec un Pakistanais, se retrouve subitement veuve. En triant les affaires de son défunt mari, elle tombe sur la carte d’identité d’une Française. Mary décide alors de traverser la Manche pour chercher, à Calais, cette mystérieuse inconnue. Très vite, elle s’aperçoit que son mari avait une autre femme et même un fils adolescent…

Loin du thriller, « After love » retrace la quête d’une femme pour comprendre et connaître l’homme avec qui elle a vécu depuis tant d’années. Se faisant engager comme femme de ménage par « l’autre femme », Mary tente d’appréhender une autre facette de son mari pour finir de faire son deuil. C’est finalement trois destins brisés qui vont se croiser et tenter doucement de se reconstruire, ensemble. Fin et délicatement écrit, ce premier film est porté par une actrice bouleversante, Joanna Scanlan, toute en retenue. Un très beau premier pas…

Critique: Shéhérazade

5826331.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

Zachary, 17 ans, sort de prison.
Rejeté par sa mère, il traîne dans les quartiers populaires de Marseille. C’est là qu’il rencontre Shéhérazade…

Sélectionné à la Semaine de la Critique et Prix Jean Vigo, ce premier film de Jean-Bernard Marlin se fait remarquer partout où il passe. Sorte d’hybride entre le film de gangsters scorsesien et le naturalisme de Kechiche, « Shéhérazade » est l’histoire d’une rencontre entre un jeune mineur tout juste sorti de prison et une jeune prostituée. Ces deux êtres à la dérive vont chuter ensemble, malgré leur amour, pour mieux grandir et se relever. D’un côté, Zachary s’amuse de la boutade de son geôlier le jour de la sortie qui lui lance « à bientôt », certain de ne pas rechuter. Quelques minutes plus tard, lorsqu’il voit que sa « daronne » n’est pas dehors pour sa sortie et qu’elle « ne peut plus s’en occuper », ses certitudes sont bousculées et sa seule issue est de retrouver ses amis avec qui il a fait les 400 coups. De l’autre, il y a la jeune Shéhérazade, qui se prostitue pour survivre dans un appart miteux en compagnie d’une collègue transexuelle. Ces trois personnages vont alors trouver leur compte à s »‘associer », un revenu pour Zachary et une protection pour Shéhérazade et sa copine. Dans un microcosme où le respect de la femme n’existe pas, Zachary va avoir du mal à assumer sa relation.

Extrêmement noir, le film surfe tout de même sur des thèmes extrêmement plombant que ce soit la prostitution, la drogue, la prison, la violence et pourtant… Dès la première nuit entre Zach et Shéhérazade, enlacés, à la lueur d’une veilleuse en forme de canard, la jeune fille suçant son pouce, la douceur et la tendresse surgit et restera comme un signe d’espoir tout au long du film. Violent, noir, glauque mais baigné d’un romantisme fou, « Shéhérazade » est l’un des premiers films les plus marquant de l’année!

4.5