CRITIQUE: NI A VENDRE NI A LOUER (2011)

C’est enfin le week-end, un week-end de printemps sur le littoral atlantique. Ce week-end-là, deux retraités se rendent dans leur résidence secondaire, une maisonnette aussi vaste qu’un timbre poste, et croisent un couple de punks ayant pour gîte une maison dessinée sur le sable d’une plage. Plus loin, deux imposteurs vêtus d’orange et de vert se mettent au golf non loin d’une procession funéraire. Au même moment, un représentant en parapluies a rendez-vous avec une maîtresse sado-maso dans un hôtel du bord de mer où séjournent deux couples dont l’existence sera chamboulée par un cerf-volant perdu. Il est aussi question d’étudiants des beaux arts, de voitures de sport, de voitures sans permis, de voitures de golf, de voitures volées, de caravane, de toile de tente, de lecteur de code-barres, de cadre photo décoré de coquillages et de tempête nocturne. Un week-end où les destins, les classes sociales, les générations, les sentiments, les douleurs comme les joies, se croisent. Un week-end à la mer, en somme.

Deux ans après « les petits ruisseaux« , Pascal Rabaté revient pour faire la nique aux blockbusters estivaux avec un film très très loin de ceux-ci en s’intéressant une fois de plus aux petites gens! Rabaté rend ici hommage aux films de Tati avec cette fantaisie qui malheureusement en découragera certains (3 personnes ont quitté la salle!). En effet, sans aucun dialogue, le film est une succession de saynètes dans lesquelles l’absurde est roi, quelque part entre « Monsieur Hulot » et « la party » de Blake Edwardes. Seule compte la mise en scène et Rabaté s’en sort plus que bien et nous offre même de bien jolies trouvailles comme l’épicier qui dessine lui-même ses codes-barres à la règle et au stylo! Côté personnages, Pascal Rabaté sait s’entourer, avec outre Gamblin, François Damiens, François Morel, ou encore Gustave Kervern. Le seul regret que j’ai tient au fait que ces merveilleux acteurs, si drôles quand ils s’expriment oralement soient réduits au silence. Bref, un exercice de style très réussi  à destination d’un public averti et une belle alternative aux Transformers et autres Harry Potter!

CRITIQUE: LES PETITS RUISSEAUX (2010)

Emile, septuagénaire veuf et seul, vit surtout pour les parties de pêche qu’il partage avec son copain Edmond. Un jour, ce dernier lui révèle sa vie sexuelle cachée, chose qu’Emile ne croyait plus possible à leur âge. Quelques temps plus tard, Edmond meurt brutalement laissant son copain définitivement seul. Après une période de déprime, Emile réalise qu’il lui faut profiter de ses derniers instants et se lance dans une quête où il rencontrera sexe, drogue et rock n’roll…

Dans la foulée de Ryad Sattouf (les Beaux gosses) ou de Johan Sfar (Gainsbourg), Pascal Rabaté, lui aussi dessinateur de BD, passe à son tour derrière la caméra pour adapter un de ses ouvrages, « les petits ruisseaux ». Ces petits ruisseaux, ce sont ceux dans lesquels Emile et Edmond pêchent et grâce auxquels ils passent de bons moments. C’est aussi la vie qui s’écoule lentement mais qui recèle, si l’on prend le temps, de vraies richesses comme cet énorme poisson attrapé après « une bataille de dix minutes ». Le film repose sur deux idées excellentes: la première est le sujet même du film, la sexualité des septuagénaires, sujet rarement traité au cinéma qui plus est avec une telle finesse, jamais dans la moquerie ou le graveleux. La seconde idée géniale a été de confier le rôle principal à Daniel Prévost qui joue ici un personnage tout en finesse et en retenue contrairement à d’habitude avec sa gouaille légendaire. Il prouve à ce qui en doutaient (metteurs en scène comme spectateurs) qu’il est un grand comédien au registre mal exploité.  Quand, en plus, Pascal Rabaté démontre un vrai talent de mise en scène, tant le film fourmille de magnifiques idées, on obtient une comédie souvent drôle, parfois touchante mais toujours intelligente.