Critique: Un Amour Impossible

3665502.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

À la fin des années 50 à Châteauroux, Rachel, modeste employée de bureau, rencontre Philippe, brillant jeune homme issu d’une famille bourgeoise. De cette liaison passionnelle mais brève naîtra une petite fille, Chantal. Philippe refuse de se marier en dehors de sa classe sociale. Rachel devra élever sa fille seule. Peu importe, pour elle Chantal est son grand bonheur, c’est pourquoi elle se bat pour qu’à défaut de l’élever, Philippe lui donne son nom. Une bataille de plus de dix ans qui finira par briser sa vie et celle de sa fille.

Trois ans après « la Belle Saison« , Catherine Corsini poursuit une oeuvre fortement orientée vers l’Amour, sous toutes ses formes. Elle adapte cette fois le roman éponyme de Christine Angot et livre ainsi le portrait d’une femme sur une cinquantaine d’années. Extrêmement dense, cette fresque débute dans les années 50, avec la rencontre de la jolie Rachel, modeste employée de bureau et Philippe, d’une classe sociale aisée, puits de culture qui fait briller les yeux de celle-ci. Par petites touches, la cinéaste nous montre Philippe comme un homme dur, égoïste et manipulateur. En face de lui, Rachel semble souvent forte mais pas assez pour éviter de tomber dans les pièges de Philippe. Forcée de très vite organiser sa vie sans Philippe et donc sans père pour sa fille, elle se relèvera de ses blessures pour mieux y retomber à cause de cet homme. Extrêmement bien écrit, ce drame romanesque à souhait évoque aussi bien Truffaut et Téchiné mais aussi les mélos de Douglas Sirk. L’interprétation de Niels Schneider et Virginie Efira est parfaite et les place d’emblée dans les favoris des prochains César. La seule mauvaise note de ce qui semble être le meilleur film de Catherine Corsini tient en un final lourdement explicatif mais qui ne gâche en rien le plaisir ressenti devant un tel film!

4.5

Critique: Le Grand Bain

2636278.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

Réalisation Gilles Lellouche
Scénario Ahmed Hamidi

Julien Lambroschini

Gilles Lellouche

Acteurs principaux
Sociétés de production Chi-Fou-Mi Productions
Les Productions du Trésor
Pays d’origine Drapeau de la France France
Genre comédie dramatique
Durée 118 minutes
Sortie 24 Octobre 2018

C’est dans les couloirs de leur piscine municipale que Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres s’entraînent sous l’autorité toute relative de Delphine, ancienne gloire des bassins. Ensemble, ils se sentent libres et utiles. Ils vont mettre toute leur énergie dans une discipline jusque-là propriété de la gent féminine : la natation synchronisée. Alors, oui c’est une idée plutôt bizarre, mais ce défi leur permettra de trouver un sens à leur vie…

Second long métrage de Gilles Lellouche comme réalisateur après « Narco », « le Grand Bain » éclaboussa le dernier Festival de Cannes même s’il fut présenté hors compétition. Il faut dire qu’avec un casting aussi prestigieux, on ne pouvait qu’avoir l’eau à la bouche.

Vendu comme un feel good movie sur une équipe de natation synchronisée masculine un peu décalée, on s’attend donc à un film de sport façon « Rasta Rockett » qui jouerait principalement sur le physique inadapté des champions. Pour le réalisateur, cette équipe de natation n’est finalement qu’un élément de décor, un prétexte pour parler d’un groupe d’hommes tous cabossés, victimes d’une société de l’individualisme, qui vont trouver, ensemble, l’occasion de s’épanouir. L’important n’est donc pas ici l’entraînement ni la compétition mais toutes les scènes autour, celles où l’on voit chacun dans sa vie et les scènes où ils se retrouvent entre eux, dans les vestiaires, pour partager. Il y a Thierry (Philippe Katerine), l’homme enfant gardien de piscine victime de la solitude, Bertrand (Mathieu Amalric), frappé par le chômage en pleine dépression, Laurent (Guillaume Canet), chef d’entreprise qui voit tout en noir, Marcus (Benoît Poelvoorde), patron d’une société qui vend des piscines en train de couler comme toutes ses entreprises, Simon( Jean-Hugues Anglade) qui n’a jamais réussi à accomplir ses rêves musicaux et aussi Basile, John et Avanish. Pour les encadrer, deux coachs féminines en la personne de Virgine Efira et Leila Bekhti. Ce film choral est certes souvent drôle mais surtout empreint d’une grande mélancolie et l’on ne peut que s’attacher à chacun de ces personnages. Seul regret que le film de Lellouche peut susciter: un des membres de l’équipe, Avanish, ne sert ici que de running gag, étant le seul à ne pas être du tout développé. Mais ne boudons pas notre plaisir, « le Grand Bain » est, après « en liberté », une nouvelle preuve que le Cinéma français est capable de faire rimer qualité et succès! Un seul conseil, plongez!

4.5