CRITIQUE BLU-RAY: La Servante

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LE FILM: 9/10

Une famille vient d’emménager dans une grande maison neuve. Le père, Dong-sik, enseigne la musique dans une usine pour femmes. Afin de soulager son épouse qui souffre de fatigue, il accepte d’accueillir une servante recommandée par une jeune ouvrière à qui il donne des cours particuliers de piano et qui ne le laisse par indifférent. Possédant un comportement ambigu, la nouvelle venue s’amuse à espionner les conversations ou à effrayer les enfants. Lorsqu’elle entame une liaison avec Dong-sik, le foyer tombe lentement sous l’emprise de la servante…

Deux enfants qui jouent avec un élastique, tissant une véritable toile d’araignée, évènement à priori anodin. Pourtant cette ouverture laisse présager du sort de Dong-Sik, dont le foyer deviendra le théâtre de sa tragédie. Le film de Kim Ki-Young, devenu l’un des grands classiques du Cinéma coréen,  possède deux facettes.

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Il est tout d’abord une chronique sociale qui nous montre comment une servante un peu simplette vient dynamiter une famille de la classe moyenne en quête d’ascension (elle achète une maison, un nouveau piano et rêve d’une télé). La seconde facette relève du thriller pur et sa morale un tantinet mysogyne ( le discours final du mari est un sommet!): le mari est la victime de toutes les femmes qui l’entourent!

Sur la forme, « la Servante » est un pur régal de mise en scène et de montage! Ce dernier, vraiment surprenant, et l’utilisation fréquente des travellings font de ce huis-clos un sommet d’angoisse et provoque une sensation d’étouffement dont nombreux cinéastes coréens contemporains s’inspirent clairement aujourd’hui!

Un chef d’oeuvre!

TECHNIQUE: 7/10

La copie proposée ici est parfaite à 90%, les 10% restants correspondant à trois passages (de 1 à 9 mins) que la restauration n’a semble-t-il pas pu sauver ( surexposition, rayures, saute d’image)!

BONUS: 8/10

Outre la bande-annonce, un module sur la restauration (un peu long) et un portrait passionnant de Kim Ki-Young dressé par les plus grands cinéastes coréens (48 mins)!

VERDICT: 8.5/10

Un film à posséder absolument!!!

Disponible en DVD (16,99 euros) et blu-ray (19,99 euros) chez Carlotta Films dès le 19 décembre!

 


THE HOUSEMAID (2010)

La jeune Euny est engagée comme aide-gouvernante dans la riche maison bourgeoise habitée par Hoon, sa femme, enceinte de jumeaux, et leur petite fille. Un soir, Hoon vient dans la chambre de la jeune employée et commence à abuser d’elle. Très vite, elle se laisse faire et commence à y prendre plaisir, puis les rapports vont se multiplier jusqu’à ce qu’elle tombe accidentellement enceinte. L’équilibre de la maison bourgeoise va s’en trouver bouleversé…

Im Sang Soo s’attaque avec « the housemaid » au remake d’un classique des années 60 de Kim Ki-Young, vénéré et intouchable pour les cinéphiles coréens. Je ne me hasarderai pas à comparer les deux films n’ayant pas vu l’original.  La raison de cette vénération tient à la dimension sociale du film qu’on retrouve dans « the housemaid ». C’est en effet une peinture au vitriol de la haute bourgeoisie coréenne et de la lutte des classes encore présente dans ce pays. Malgré un pitch somme toute pas très original, Im Sang Soo distille tout de suite un climat angoissant assorti d’un érotisme latent, soutenus par une photo et un sens du cadre à tomber.

Si vous n’êtes pas une femme enceinte, voilà un film à voir de toute urgence! Le cinéma coréen regorge de metteurs en scène de talent!