CRITIQUE: L’AMOUR DURE TROIS ANS

Marc Marronnier, critique littéraire le jour et chroniqueur mondain la nuit, vient de divorcer d’Anne. Il est sûr à présent que l’amour ne dure que 3 ans. Plongé dans une profonde dépression, il  écrit un pamphlet pour le démontrer mais sa rencontre avec Alice va renverser toutes ses certitudes.

Quand le Maître de cérémonie du Cercle, émission regroupant le gratin des critiques ciné sur Canal Plus, décide de passer derrière la caméra, c’est pour adapter son troisième roman « l’Amour dure trois ans » et s’essayer au genre ô combien difficile de la comédie romantique, qui plus est à la Française! En guise de Hugh Grant, c’est Gaspard Proust qui officie avec Louise Bourgoin comme Julia Roberts et le duo fonctionne très bien!

Sur la forme, rien de plus classique: deux êtres se rencontrent alors que rien ne les y destinait, ils finissent par s’aimer puis un évènement les sépare mais l’Amour sera plus fort! Ce qui fait que le film de Beigbeder tire son épingle du jeu, c’est qu’il reste, à l’image de son héros, alter ego de l’auteur, empreint d’une bose dose de cynisme et d’impertinence assez jouissive. Le casting, également, a sa part dans la réussite du film:  outre le duo évoqué un peu plus haut avec tout de même un vrai coup de coeur pour Gaspard Proust, Beigbeder a réuni une floppée de seconds rôles au top: Joey Starr dans le rôle du pote qui confirme tout le bien que l’on pense de lui mais si son potentiel semble un peu sous-exploité ici, le couple échangiste Jonathan Lambert/ Frédérique Bel, Nicolas Bedos, Anny Duperey et Bernard Menez en parents de Marc, Valérie Lemercier irrésistible en éditrice littéraire, j’en passe et des meilleurs… Alors même si le scénario m’a paru parfois un peu fouillis, force est de constater que Beigbeder paraît très à son aise avec la caméra et plein d’idées! C’est ce qu’on appelle un coup d’essai réussi qui nous donnerait presque envie de mettre du Michel Legrand dans notre MP3!

CRITIQUE: POLISSE (2011)

 

 Le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) ce sont les gardes à vue de pédophiles, les arrestations de pickpockets mineurs mais aussi la pause déjeuner où l’on se raconte ses problèmes de couple ; ce sont les auditions de parents maltraitants, les dépositions des enfants, les dérives de la sexualité chez les adolescents, mais aussi la solidarité entre collègues et les fous rires incontrôlables dans les moments les plus impensables ; c’est savoir que le pire existe, et tenter de faire avec… Comment ces policiers parviennent-ils à trouver l’équilibre entre leurs vies privées et la réalité à laquelle ils sont confrontés, tous les jours ? Fred, l’écorché du groupe, aura du mal à supporter le regard de Melissa, mandatée par le ministère de l’intérieur pour réaliser un livre de photos sur cette brigade.

Après « Pardonnez-moi » où elle traitait de la famille et « le Bal des actrices » où elle nous plongeait dans sa vie professionnelle et celle de ses consoeurs, Maïwenn, pour son troisième film, part à la rencontre d’un univers qui lui était totalement inconnu, celui de la Brigade de Protection des Mineurs. Après avoir vu un documentaire sur cette brigade, Maïwenn a tout de suite voulu en faire un film et s’est alors lancé dans l’écriture du film, vite rejointe par Emmanuelle Bercot, l’une des actrices du film. Pour le casting, on retrouve certains acteurs ayant déjà travaillé avec elle dont Joey Starr et Marina Foïs.

On pourra reprocher à « Polisse » un scénario assez mince puisque sans réel fil directeur (on dira que c’est volontaire et lié à son désir de donner un aspect documentaire) et le rôle énigmatique de Maïwenn sans réelle utilité dans le film, d’autant qu’elle a affirmé sa volonté de ne se consacrer dorénavant qu’à sa carrière de réalisatrice.

Par ailleurs, le film dégage une telle énergie qu’on ne peut qu’adhérer, émerveillé par une troupe d’acteurs au top. Joey Starr, à la fois bestial et émouvant, confirme ses talents d’acteurs déjà entrevus dans « le Bal des actrices », Karine Viard toujours parfaite et tous les autres, Jérémie Elkaïm (l’intello du service), Marina Foïs (la féministe détruite par son boulot), le duo Nicolas Duvauchelle/Karine Rocher (déjà flics dans la série Braquo) jusqu’au plus petit rôle. Maïwenn s’impose donc comme une très grande directrice d’acteurs mais également comme une très bonne dialoguiste tant son film respire le « vrai », collant à merveille à l’air du temps.

Souvent très dur, parfois très drôle, la jeune réalisatrice démontre avec ce film qu’il y a bien un « style Maïwenn » où dominent réalisme et performances d’acteurs mais surtout une vitalité débordante qui fait plaisir dans un Cinéma Français décidément en grande forme en cette année 2011. Vive la Polisse!