CRITIQUE: LES SEIGNEURS

Patrick Orbéra, la cinquantaine, est une ancienne gloire du football qui a totalement raté sa reconversion. Sans emploi, alcoolique et ruiné, il n’a même plus le droit de voir sa fille Laura. Contraint par un juge de retrouver un emploi stable, il n’a d’autre choix que de partir sur une petite île bretonne, pour entraîner l’équipe de foot locale. S’ils gagnent les 3 prochains matchs, ils réuniront assez d’argent pour sauver la conserverie de l’île, placée en redressement judiciaire, et qui emploie la moitié des habitants. Patrick Orbéra est immédiatement confronté à un obstacle majeur : transformer des pêcheurs en footballeurs quasi-professionnels. Il décide alors de faire appel à ses anciens coéquipiers pour l’aider à hisser le petit club breton parmi les grands…

Le film de foot, genre à part entière, a plus souvent abouti à d’obscurs navets que d’authentiques chefs d’oeuvres: on se souvient de Goal, 3 Zéros, A nous la victoire… Grande était alors la curiosité de découvrir la dernière comédie sur le ballon rond réunissant la crème des comiques français (José Garcia, Gad Elmaleh, Ramzy, Omar Sy, le comte de Bouderbala, Franck Dubosc et l’excellent Joey Starr) le tout sous la houlette d’Olivier Dahan en quête de rédemption après son piteux détour US (my own love song)! La bande-annonce du film n’était pas très engageante et malheureusement on ne pourra pas lui reprocher de nous tromper sur la marchandise: le film n’est pas meilleur!

Dans une scène d’ouverture, on assiste à la victoire d’une équipe de France qui nous fait penser à celle du 12 juillet 1998 sauf que Zidane s’appelle en fait Orbéra et qu’il a les traits de José Garcia. Alors qu’on le raccompagne au vestiaire, les coupures de presse défilent et l’on assiste à la gloire puis à la déchéance du héros qui passera même par la case prison. Le décor est planté: Orbéra est une ancienne gloire que des ennuis judiciaires ont plongé dans l’alcool et qui a tout perdu après avoir tout gagné. Quand le maire de Molène fait alors appel à lui pour gagner trois matchs de coupe de France avec son équipe de bras cassés, il réunit alors ses anciens coéquipiers façon Expendables de la gaudriole! Chaque personnage est défini selon une seule caractéristique: Joey Starr, ex-taulard qu’il ne faut pas chercher (quel rôle de composition!), Dubosc qui ne se voit plus que comédien (le Leboeuf de la bande!), Elmaleh limite neuneu obsédé par les consoles de jeux, Ramzy accro au pognon et à la poudre gardien de but qui se rêve attaquant et Omar retraité du foot pour des problèmes cardiaques (à la Thuram!).

Toute cette bande se retrouve alors dans un trou perdu de Bretagne où, c’est bien connu, il n’y a que des pêcheurs qui picolent à longueur de journée dans des rades à la déco complètement démodée et où le seul plat qu’on ingurgite est bien sûr composé de crêpes!

Vous l’aurez compris, cette comédie bourrée de clichés suit un scénario vu et revu des milliers de fois, animée par des personnages écrits à la truelle interprétés par une troupe de comiques sans aucune osmose et ponctuée de runnings gags à base de vomi et de slips qui puent! Le côté obscur de la Comédie Française!

LA NOTE: 1/10 parce que j’aime le cidre

CRITIQUE: LOOKING FOR ERIC (2008)

Diaphana Films

Eric Bishop, facteur à Manchester, voit sa vie partir en sucette! Ses beaux-fils fricotent avec des gangsters, sa vie sentimentale est un désert, sa fille ne l’estime pas beaucoup! Ses collègues ont beau faire ce qu’ils peuvent pour l’aider, rien n’y fait: Eric se se sort pas de sa déprime. Un soir qu’il abuse de substances illicites, il se met à avoir des conversations avec son idole de toujours, Eric Cantona…

Ken Loach n’a pas son pareil pour nous faire adorer ses personnages même s’ils n’ont rien de très glamour au départ. On tombe vraiment amoureux de ce Bishop comme ce fut le cas avec le Joe de « My name is Joe » ou du père de famille dans « raining stones ». On ne peut qu’admirer ce père qui par fierté n’a pas su reconnaître son erreur d’avoir laissé l’amour de sa vie et par conséquent s’est privé de sa fille, cet homme qui va tout risquer pour sauver ses beaux-fils, et qui va tenter de recoller les morceaux de sa vie. Comme d’habitude, Loach ne tombe jamais complètement dans le misérabilisme et nous offre quelques moments à mourir de rire. Cantona, dans son propre rôle, n’y est pas pour rien, comme dans cette scène où il explique que pour meubler sa suspension de neuf mois, il s’est mis à la trompette, démonstration à l’appui en jouant la Marseillaise (anecdote tirée de la réalité)…

Superbe film, comme on dit aujourd’hui, un « feel good movie »!