LIVRE: LE CINEMA DANS LE SANG

Un ouvrage indispensable pour tout cinéphile qui se respecte vient de sortir aux éditions Ecriture. Grand admirateur de Bertrand Tavernier, dont vous pouvez retrouver ici le petit entretien que j’ai fait de lui, je ne pouvais passer à côté de celui-ci. « Le Cinéma dans le sang » est un livre d’entretiens du grand réalisateur français par Noël Simsolo, écrivain mais aussi comédien chez Mocky en particulier et réalisateur de documentaires.

Bertrand Tavernier se raconte et comme d’habitude c’est toujours passionnant. De son enfance lyonnaise à « la Princesse de Montpensier », il évoque le jazz, la Nouvelle Vague et bien sûr le métier de metteur en scène avec toutes ses rencontres d’Aragon à Tarantino en passant par Eastwood. Bourré d’anecdotes dont la plus fameuse, qu’il se plaît toujours à raconter, faisait état d’un spectateur qui, lors d’une projection, se fit chauffer une boîte de haricots, on apprend également que, dans sa vie d’attaché de presse, il laissa tomber Kubrick pendant la promotion d’Orange Mécanique. Et le livre est truffé de pépites de ce genre! Un ouvrage à offrir ou s’offrir!

CRITIQUE: SALO OU LES 120 JOURS DE SODOME (1975)

 

 

Connaissant très peu l’oeuvre de Pier Paolo Pasolini, je profite de la sortie en blu-ray de « Salo ou les 120 jours de Sodome » pour me mettre à jour. Et bien moi qui me croyait blindé et qui pensait avoir tout vu au cinéma! J’ai vu avec « Salo » le film le plus choquant parmi tous ceux que j’ai pu voir. Alors qu’un film comme « irréversible » de Gaspard Noë délivre un message qui peut justifier le déluge de violence. Ici, j’essaie toujours de comprendre l’utilité de montrer autant d’atrocités.

 

L’action commence par la réunion de quatre notables riches et d’âge mûr qui décident de leur projet macabre. Elle se poursuit par la capture de 9 jeunes garçons et 9 jeunes filles dans la campagne et quelques villages alentours.

 

Les quatre notables, le Duc, l’Évêque, le Président et le Juge entourés de divers servants armés et de quatre prostituées, ainsi que de leurs femmes respectives, s’isolent dans un palais des environs de Marzabotto, dans la « République de Salò » (ou République sociale italienne). Le séjour débute par le mariage de certains notables avec les filles des autres.

 

Le film se divise en quatre tableaux ou cercles, allusion à l’Enfer de la Divine Comédie de Dante :

 

  • le premier tableau est intitulé Antiferno (« le vestibule de l’enfer »), dans lequel le réalisateur plante le décor ;
  • le deuxième se nomme Girone delle manie (« cercle des passions »). Il est l’occasion de diverses scènes de viol sur les adolescents ;
  • le troisième est celui du Girone della merda (« cercle de la merde »), où les victimes doivent notamment se baigner dans des excréments ou manger les fèces du Duc ;
  • le dernier jour est celui du Girone del sangue (« cercle du sang »), et l’occasion de diverses tortures et mutilations (langue coupées, yeux énucléés, scalpations, marquages au fer…), et finalement meurtres des adolescents.

 

Le tout crûment montré dans un scénario proche de la réalité (vision au travers de jumelles).

 

Même si les admirateurs de Pasolini me diront que c’est une charge virulente contre le fascisme et la barbarie, je ne peux m’empêcher de me demander à quoi il sert d’infliger au spectateur deux heures d’horreur. Pourquoi montrer par exemple une bouche pleine de « merde » en gros plan alors qu’il aurait été aussi dégoûtant de le suggérer!

 

Ce qui est sûr en tout cas, c’est que c’est un film qui ne s’oublie pas alors qu’il est à oublier!