Critique: Shéhérazade

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Zachary, 17 ans, sort de prison.
Rejeté par sa mère, il traîne dans les quartiers populaires de Marseille. C’est là qu’il rencontre Shéhérazade…

Sélectionné à la Semaine de la Critique et Prix Jean Vigo, ce premier film de Jean-Bernard Marlin se fait remarquer partout où il passe. Sorte d’hybride entre le film de gangsters scorsesien et le naturalisme de Kechiche, « Shéhérazade » est l’histoire d’une rencontre entre un jeune mineur tout juste sorti de prison et une jeune prostituée. Ces deux êtres à la dérive vont chuter ensemble, malgré leur amour, pour mieux grandir et se relever. D’un côté, Zachary s’amuse de la boutade de son geôlier le jour de la sortie qui lui lance « à bientôt », certain de ne pas rechuter. Quelques minutes plus tard, lorsqu’il voit que sa « daronne » n’est pas dehors pour sa sortie et qu’elle « ne peut plus s’en occuper », ses certitudes sont bousculées et sa seule issue est de retrouver ses amis avec qui il a fait les 400 coups. De l’autre, il y a la jeune Shéhérazade, qui se prostitue pour survivre dans un appart miteux en compagnie d’une collègue transexuelle. Ces trois personnages vont alors trouver leur compte à s »‘associer », un revenu pour Zachary et une protection pour Shéhérazade et sa copine. Dans un microcosme où le respect de la femme n’existe pas, Zachary va avoir du mal à assumer sa relation.

Extrêmement noir, le film surfe tout de même sur des thèmes extrêmement plombant que ce soit la prostitution, la drogue, la prison, la violence et pourtant… Dès la première nuit entre Zach et Shéhérazade, enlacés, à la lueur d’une veilleuse en forme de canard, la jeune fille suçant son pouce, la douceur et la tendresse surgit et restera comme un signe d’espoir tout au long du film. Violent, noir, glauque mais baigné d’un romantisme fou, « Shéhérazade » est l’un des premiers films les plus marquant de l’année!

4.5

 

Critique: The Fixer (Festival de Cinéma Européen des Arcs 2016)

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2016 – Roumanie de Adrian Sitaru

Avec : Tudor Aaron ISTODOR, Mehdi NEBBOU, Nicolas WANCZYCKI, Diana SPATARESCU

Radu, un jeune et ambitieux journaliste, veut se faire un nom dans la presse internationale. Quand deux prostituées mineures sont rapatriées de France, il est engagé comme fixeur dans l’équipe d’une chaîne de télévision française dirigée par un journaliste reconnu. Radu va vite réaliser que lui aussi est en train d’abuser de ces deux jeunes filles en utilisant leur histoire.

Cinquième long métrage du Roumain Adrian Sitaru, « the Fixer » relate l’histoire d’un jeune journaliste roumain, Radu, qui tente de se faire un nom. Il tente pour cela de chercher un scoop qu’il pourrait proposer à une équipe de journalistes français. Il trouve son bonheur avec une histoire de jeunes adolescentes enlevées et envoyées en France pour se prostituer. Une fois les Français sur place, Radu va prendre conscience de la cruauté et des dilemmes moraux qu’implique son métier. De quoi tout remettre en question? Mené avec un réalisme très documentaire comme une enquête, le film passionne par la force de son sujet, l’esclavage sexuel mais aussi la place de la morale dans le journalisme. On pense évidemment au Cinéma de Mungiu dans sa façon de décrire la société roumaine à travers une histoire indivuelle. L’interprétation de l’ensemble du casting est à saluer, acteurs roumains comme français (Mehdi Nebbou est impeccable en journaliste sans scrupules). Une belle réussite!

4

sortie: 1er Mars 2017