Critique: In Fabric (les Arcs Film Festival)

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Durée 1h 58min
Nationalité Britannique
Pas de date de sortie prévue
La boutique de prêt-à-porter Dentley & Soper’s, son petit personnel versé dans les cérémonies occultes, ses commerciaux aux sourires carnassiers. Sa robe rouge, superbe, et aussi maudite qu’une maison bâtie sur un cimetière indien. De corps en corps, le morceau de tissu torture ses différent(e)s propriétaires avec un certain raffinement dans la cruauté.
Quatre ans après le magnifique « The Duke Of Burgundy », l’Anglais Peter Strickland continue à creuser le sillon d’un Cinéma fétichiste à l’outrance avec un film peut-être encore plus jusqu’au boutiste. S’il nous intéresse au personnage incarné par Marianne Jean Baptiste, petite employée de banque à la recherche de l’âme soeur, c’est pour mieux nous berner. Le personnage principal n’est pas cette quadra en mal d’amour qui se fait plaisir en s’achetant une jolie robe rouge mais bien la robe rouge en elle même. Dans cet étrange magasin qui pourrait être cousin de l’école de danse de Suspiria, les vendeuses et le patron sont plus qu’étranges et les vêtements semblent avoir leur propre existence. Si message il y a dans cet étrange et peu accessible objet filmique, il serait sans doute une critique d’une société de consommation menant à la folie. Sur la forme, ce qui marque chez Strickland c’est son obsession de l’esthétique 70’s avec un travail assez dingue sur l’image et le son et son fétichisme qui n’est donc pas passager. Comme les fantaisies sexuelles des deux protagonistes de « The Duke of Burgundy » qui revenaient inlassablement , Strickland s’amuse ici à reproduire nombre incalculable d’éléments,à maintes reprises dans son film ( les numéros de téléphone, les spots TV, les entretiens avec les banquiers, …). Drôle, amusant ou déstabilisant selon les personnes, cet « In Fabric » est un film qui ne peut laisser indifférent. Toutefois, on peut légitimement se demander si Peter Strickland est capable de sortir de ce fétichisme pour aller vers quelque chose de plus accessible.
4

Critique: The Neon Demon

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Réalisation Nicolas Winding Refn
Scénario Nicolas Winding Refn
Mary Laws
Acteurs principaux
Sociétés de production Gaumont Film Company
Wild Bunch
Space Rocket Nation/Motel Movies
Vendian Entertainment
Bold Films
Pays d’origine Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau du Danemark Danemark
Drapeau de la France France
Genre Thriller
Durée 117 minutes
Sortie 8 juin 2016

Une jeune fille débarque à Los Angeles. Son rêve est de devenir mannequin. Son ascension fulgurante et sa pureté suscitent jalousies et convoitises. Certaines filles s’inclinent devant elle, d’autres sont prêtes à tout pour lui voler sa beauté.

S’il avait séduit un large public en 2011 avec « Drive », Nicolas Winding Refn avait déstabilisé ce même public avec son film suivant « Only God Forgives », revenge movie oedipien radical. Lors de la présentation de « The Neon Demon » au dernier Festival de Cannes, on pouvait se demander s’il s’adresserait à nouveau au « grand public » ou s’il persisterait dans une voie beaucoup plus expérimentale. C’est dans cette seconde voie que le cinéaste danois s’installe avec un film sur le milieu de la mode qui dérangera certainement les inconditionnels d’un schéma narratif traditionnel. Entre le giallo et les univers de Lynch ou Cronenberg, Refn utilise un semblant de narration dans l’unique but de relier des scènes en forme d’installations d’art contemporain tout en flirtant avec une certaine jubilation avec le grand-guignol. Si l’on accepte ce postulat, « The Neon Demon » offre un spectacle sensoriel hypnotisant et envoûtant, renforcé par le score organique de Cliff Martinez. Grand film!

4.5