Critique: Divines

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Dans un ghetto où se côtoient trafics et religion, Dounia a soif de pouvoir et de réussite. Soutenue par Maimouna, sa meilleure amie, elle décide de suivre les traces de Rebecca, une dealeuse respectée. Sa rencontre avec Djigui, un jeune danseur troublant de sensualité, va bouleverser son quotidien.

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Tout le monde se souvient de la cérémonie de clôture du Festival de Cannes et du discours fleuve et engagé de sa réalisatrice Houda Benyamina lorsque son premier film remporta la prestigieuse Caméra d’or. Fascinée par les grandes histoires d’amitié et pour canaliser sa colère depuis les émeutes de 2005, la réalisatrice choisit le Cinéma comme exutoire. Son premier long métrage, « Divines » évoque des problèmes sociaux plus que jamais d’actualité mais à travers une histoire d’amitié entre deux jeunes filles des cités, Dounia et Maimouna. Pour elle, pas question de donner la leçon mais de « susciter la réflexion grâce à l’émotion » et cela fonctionne, nous faisant passer du rire aux larmes!

Fort d’un scénario ténu et tendu, le film avance à un train d’enfer et offre moments légers et gros accès de violence alors que Dounia délaisse son BEP accueil pour l’argent facile. Si le sujet n’est pas de prime abord d’une grande originalité, son traitement l’est totalement, la réalisatrice évitant tous les clichés. La mise en scène bénéficie d’un vrai soin et d’une vraie recherche formelle nous gratifiant de plans-séquences d’une belle efficacité ou de choix musicaux également loin des standards du genre (Haendel ou Mozart) qui renforcent la puissance émotionnelle du film. Cette puissance émotionnelle ne serait pas sans le travail des comédiens: si « Divines » porte si bien son titre c’est évidemment grâce à  Oulaya Amamra, Deborah Lukumuena et Jisca Kalvanda côté féminin mais n’oublions pas le jeune Kevin Mischel en vigile danseur vraiment prometteur.

« Divines », « film d’auteur populaire » comme la réalisatrice aime le caractériser,  nous happe dès les premières images pour ne plus nous lâcher et surtout, s’il ne donne pas de clé aux problèmes d’aujourd’hui, il a le mérite de susciter la réflexion et de donner des pistes: l’art pourquoi pas…

L’un des grands films français de 2016! A ne manquer sous aucun prétexte!

SORTIE LE 31 AOÛT

4.5

Critique: Julieta

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Réalisation Pedro Almodóvar
Scénario Pedro Almodóvar d’après des nouvelles d’Alice Munro
Acteurs principaux
Sociétés de production El Deseo S.A., Agustín Almodóvar, Esther García
Pays d’origine Drapeau de l'Espagne Espagne
Genre Drame
Durée 96 minutes
Sortie 18 mai 2016

Julieta s’apprête à quitter Madrid définitivement lorsqu’une rencontre fortuite avec Bea, l’amie d’enfance de sa fille Antía la pousse à changer ses projets. Bea lui apprend qu’elle a croisé Antía une semaine plus tôt. Julieta se met alors à nourrir l’espoir de retrouvailles avec sa fille qu’elle n’a pas vu depuis des années. Elle décide de lui écrire tout ce qu’elle a gardé secret depuis toujours.

Trois ans après le crash des « Amants Passagers« , Almodovar revenait en compétition lors du dernier Festival de Cannes avec « Julieta » et un exercice qu’il affectionne, le portrait de femme. Ici point d’évènement incroyable et de péripéties, le récit malgré sa structure en flash-backs est simple et limpide. Almodovar s’intéresse à une simple relation mère/fille chahutée par le temps et les soubresauts du destin. Si Julieta est remarquablement interprété par deux sublimes actrices, Emma Suarez et Adriana Ugarte, la mise en scène d’Almodovar porte le film très très haut. Visuellement splendide, Julieta comprend entre autres réjouissances une scène de train totalement magique qui évoque évidemment Hitchcock et tout un tas d’idées de mise en scène comme cette ellipse qui nous fait changer d’actrice dans le même plan. Un très grand film assurément, on a retrouvé Almodovar!

4.5