CRITIQUE: LES PETITS RUISSEAUX (2010)

Emile, septuagénaire veuf et seul, vit surtout pour les parties de pêche qu’il partage avec son copain Edmond. Un jour, ce dernier lui révèle sa vie sexuelle cachée, chose qu’Emile ne croyait plus possible à leur âge. Quelques temps plus tard, Edmond meurt brutalement laissant son copain définitivement seul. Après une période de déprime, Emile réalise qu’il lui faut profiter de ses derniers instants et se lance dans une quête où il rencontrera sexe, drogue et rock n’roll…

Dans la foulée de Ryad Sattouf (les Beaux gosses) ou de Johan Sfar (Gainsbourg), Pascal Rabaté, lui aussi dessinateur de BD, passe à son tour derrière la caméra pour adapter un de ses ouvrages, « les petits ruisseaux ». Ces petits ruisseaux, ce sont ceux dans lesquels Emile et Edmond pêchent et grâce auxquels ils passent de bons moments. C’est aussi la vie qui s’écoule lentement mais qui recèle, si l’on prend le temps, de vraies richesses comme cet énorme poisson attrapé après « une bataille de dix minutes ». Le film repose sur deux idées excellentes: la première est le sujet même du film, la sexualité des septuagénaires, sujet rarement traité au cinéma qui plus est avec une telle finesse, jamais dans la moquerie ou le graveleux. La seconde idée géniale a été de confier le rôle principal à Daniel Prévost qui joue ici un personnage tout en finesse et en retenue contrairement à d’habitude avec sa gouaille légendaire. Il prouve à ce qui en doutaient (metteurs en scène comme spectateurs) qu’il est un grand comédien au registre mal exploité.  Quand, en plus, Pascal Rabaté démontre un vrai talent de mise en scène, tant le film fourmille de magnifiques idées, on obtient une comédie souvent drôle, parfois touchante mais toujours intelligente.

CRITIQUE: LES BEAUX GOSSES (2009)

Pathé Distribution

Hervé, 14 ans ado moyen au physique ingrat, vit seule avec sa mère. Son meilleur ami, Camel, au look très « hard-rock » est fan de films x qui mettent en scène des mères de famille. Tous les deux, entre deux « branlettes », n’attendent qu’une chose, le vrai passage à l’acte.

Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs lors du dernier Festival de Cannes, ce premier long-métrage de Riad Sattouf, bien connu des amateurs de bande dessinée est une vraie réussite. Alors que le genre du « Teen-movie » a généré quantité industrielle de navets depuis le célèbre « American Pie », Sattouf a vraiment gagné son pari en insistant sur le côté ingrat de cette période de la vie. Chacun s’y retrouvera un peu! Tout y passe: les boutons, les cheveux gras, les complexes, la première « pelle », les soirées, la masturbation, les vêtements qu’on aime tellement qu’on les met tous les jours (l’horrible pull de Hervé!)… Les personnages ont tous de vraies tronches qu’on croirait sorties d’une bande dessinée, ce qui n’est sans doute pas innocent.

Tout ceci avec un vrai souci de coller à la réalité, le seul défaut qu’on peut trouver à « LOL », qui montrait un milieu très bourgeois. Ici, c’est vraiment le collège qu’on trouve à chaque coin de rue avec des enfants de tous milieux.

Le meilleur moyen donc de hurler de rire pendant 90 minutes tout en se disant: « pourvu que mes gosses ne ressemblent pas à ça!!! »