Critique: Le Règne Animal

Dans un monde en proie à une vague de mutations qui transforment peu à peu certains humains en animaux, François fait tout pour sauver sa femme, touchée par ce phénomène mystérieux. Alors que la région se peuple de créatures d’un nouveau genre, il embarque Émile, leur fils de 16 ans, dans une quête qui bouleversera à jamais leur existence.

Deuxième film de Thomas Cailley après « les Combattants », « le Règne Animal » s’inscrit dans la mouvance d’un nouveau cinéma de genre français représenté par Julia Ducourneau (« Grave ») ou les frères Boukherma (« Teddy »). Thomas Cailley affiche la couleur dès la première scène du film où l’on découvre François et son fils Emile, en voiture dans un bouchon qui assiste à l’évasion depuis une ambulance d’un homme avec des ailes d’oiseau! On comprend très vite que certaines personnes sont en proie à un phénomène de mutation dont la maman d’Emile et que ces « bestioles » sont enfermées dans des centres. Après un accident de voiture d’un convoi, le père et le fils vont partir en quête de la mère, perdue dans la nature… Cette étonnante histoire de filiation étonne par son ambition et par cette volonté de ne reculer devant rien en montrant sans complexe cet incroyable bestiaire. Le duo Romain Duris/Paul Kircher fonctionne merveilleusement bien, le souffle de la mise en scène impressionne et les effets spéciaux sont absolument remarquables. L’un des grands films français de 2023!

Critique: Les Meutes

Dans les faubourgs populaires de Casablanca, Hassan et Issam, père et fils, vivent au jour le jour, enchaînant les petits trafics pour la pègre locale. Un soir, ils sont chargés de kidnapper un homme. Commence alors une longue nuit à travers les bas-fonds de la ville…

Un chien est tué à la suite d’un combat de chiens par l’homme de main de l’adversaire. Le propriétaire tente de sauver sa bête, en vain… A partir de ce point de départ débute une folle nuit pour Hassan et son fils. Le duo vivant dans la misère, à la recherche de combines pour s’en sortir, accepte d’enlever le tueur de chien pour le compte de Dib, le propriétaire du chien. Malheureusement, le kidnappé meurt accidentellement et le duo père/fils va passer la nuit à tenter de faire disparaître le corps, enchaînant les déconvenues… Le réalisateur issu de la FEMIS, dont c’est le premier long inspiré de son court métrage sur les combats de chien, nous offre un film noir sous une forme très classique, le road movie nocturne mais abordant plusieurs thématiques. Il nous parle tout d’abord de l’aspect social de son pays dès la scène de présentation du personnage d’Issam, le fils. On le voit décharger un camion de fruits et légumes puis aller dans un bar. Dans ce café, un autre se plaint de ne pas avoir pu décrocher un job de téléconseiller pour une boîte française car son Français est trop mauvais, job payé 300 dirahms par mois, une bouchée de pain. Un autre se vante de gagner 10 fois plus en magouillant. Issam retrouve son père et lui dit qu’il s’est fait 60 dihrams avec son petit boulot; le père lui propose de participer avec lui à un coup qui leur rapportera un peu d’argent. Ces quelques minutes nous montrent donc un pays où le travail est rare et mal payé alors que les combines rapportent plus! On voit d’entrée que le fils obéit à son père mais ne valide pas ses décisions. Le kidnapping fait, le duo ramene la victime a Dib mais malheureusement l’homme est décédé. C’est alors le début d’une folle nuit où rien ne va se passer comme prévu. La relation père/fils va évoluer au gré des péripéties, voyant le fils à un moment reprendre les commandes et de nombreux signes « divins » vont alerter les deux hommes. On constate que la religion passe au second plan derrière l’argent mais que lorsque le sort s’acharne, le père devient superstitieux allant même jusqu’à laver le corps du défunt! Dans ce premier film, l’humour noir est omniprésent et les comédiens, tous non professionnels, sont tous remarquables! On a hâte de voir le prochain film de ce cinéaste prometteur!