Critique: Shorta

Anders ØLHOLM et Frederik Louis HVIID

Danemark

2020 / 108’ / première française / Danois
Premier film

Les circonstances de la garde à vue de Talib Ben Hassi (19 ans) restent flous. Deux policiers, Jens et Mike, sont en patrouille de routine dans le ghetto de Svalegården lorsque la nouvelle de la mort de Talib tombe, déclenchant une rage incontrôlable et refoulée chez les jeunes, qui aspirent à la vengeance. Les deux officiers doivent se défendre face à la colère des habitants et tentent de trouver une issue.

Premier long danois en compétition dans le cadre du Festival de Cinéma Européen des Arcs, « Shorta » est un peu la version nordique des « Misérables ». Le décès d’un jeune maghrébin issu d’une cité tendue lors d’une bavure policière met le feux aux poudres. Deux policiers Jens, le flic modèle, et Mike, le dur, vont se retrouver à tenter de survivre une nuit entière dans l’oeil du cyclone, sans aide extérieure. Remarquablement mis en scène, ce premier film maintient une tension étouffante du début à la fin et, comme son pendant français, fait un constat terrible sur une situation qui paraît inextricable entre une jeunesse qui se sent abandonnée et des forces de police qui se sentent impuissantes. Glaçant jusqu’à un final totalement désenchanté…

Critique: Les Misérables

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Réalisation Ladj Ly
Scénario Giordano Gederlini
Ladj Ly
Alexis Manenti
Acteurs principaux

Damien Bonnard
Alexis Manenti
Djibril Zonga

Sociétés de production SRAB Films
Pays d’origine Drapeau de la France France
Genre drame policier
Durée 102 minutes
Sortie 20 novembre 2019

Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux « Bacqueux » d’expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes…

Premier film de Ladj Ly, membre du collectif Kourtrajmé, « Les Misérables » est le film évènement du dernier Festival de Cannes, le film qui a remué la Croisette. Près de 25 ans après « la Haine » de Kassovitz, le constat est le même, une partie de la population est ghettoïsée dans les banlieues et l’incompréhension règne entre eux et les représentants de l’Etat. Ces gens-là vivent donc au quotidien sur une poudrière que la moindre étincelle peut enflammer. Cette étincelle arrive lorsque Chris, Gwada et le rookie Stéphane, membres de la BAC, sont pris à partie par une bande de gamins et que l’un d’eux perd son sang froid et tire un coup de flash ball à bout portant sur l’un d’eux. Cerise sur le gâteau, la bavure est filmée par le drone d’un enfant de la cité. Si Stéphane souhaite jouer carte sur table concernant l’incident, ses deux collègues préfèrent régler l’incident à leur manière! Extrêmement réaliste, le premier film de Ladj Ly a la bon goût d’exposer tous les points de vue, celui des flics, des jeunes, des anciens de la Cité, des imams, en évitant soigneusement de prendre parti, et tout ceci avec un vrai désir de cinéma. A ce titre, l’une des dernières scènes est un bijou de tension dont on se souviendra longtemps, jusqu’à un final qui nous laisse le souffle coupé!

4