Critique: En Guerre

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Réalisation Stéphane Brizé
Scénario Stéphane Brizé
Olivier Gorce
Acteurs principaux
Sociétés de production Nord-Ouest Films
Pays d’origine Drapeau de la France France
Genre drame
Durée 105 minutes
Sortie 16 mai 2018

Malgré de lourds sacrifices financiers de la part des salariés et un bénéfice record de leur entreprise, la direction de l’usine Perrin Industrie décide néanmoins la fermeture totale du site. Accord bafoué, promesses non respectées, les 1100 salariés, emmenés par leur porte‑parole Laurent Amédéo, refusent cette décision brutale et vont tout tenter pour sauver leur emploi.

Deux ans après l’intermède littéraire « Une Vie », Stéphane Brizé retrouve son alter ego Vincent Lindon pour ce qui aurait pu s’appeler  » La Loi du Marché 2″, à nouveau en compétition à Cannes. Après avoir incarné un chômeur de longue durée prêt à accepter n’importe quel emploi pour s’en sortir, Lindon se glisse dans la peau d’un leader syndical lancé dans un combat désespéré pour sauver son usine menacée de délocalisation. Brizé nous plonge dans le quotidien de cette lutte entre réunions de crise, actions coup de poing et rencontres dirigeants/salariés. S’il expose sans manichéisme les différents points de vue, il n’oublie pas de délivrer un message fort sur le pouvoir de l’image et de la presse, offrant un regard souvent tronqué de situations qui mettent en jeu des vies et des familles. Contrairement à la Loi du Marché, Brizé filme son acteur au plus près, de face, pour mieux cerner la violence économique et sociale que génère un système qui commence à livrer ses limites. On ressort lessivé et exsangue d’un film ô combien important, porté par un Vincent Lindon une fois de plus magistral.

5

Critique: Moi, Daniel Blake

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Titre original I, Daniel Blake
Réalisation Ken Loach
Scénario Paul Laverty
Acteurs principaux

Dave Johns
Hayley Squires

Sociétés de production Sixteen Films
Why Not Productions
Wild Bunch
Pays d’origine Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre drame
Durée 100 minutes
Sortie 26 octobre 2016

Pour la première fois de sa vie, Daniel Blake, un menuisier anglais de 59 ans, est contraint de faire appel à l’aide sociale à la suite de problèmes cardiaques. Mais bien que son médecin lui ait interdit de travailler, il se voit signifier l’obligation d’une recherche d’emploi sous peine de sanction. Au cours de ses rendez-vous réguliers au « job center », Daniel va croiser la route de Katie, mère célibataire de deux enfants qui a été contrainte d’accepter un logement à 450km de sa ville natale pour ne pas être placée en foyer d’accueil. Pris tous deux dans les filets des aberrations administratives de la Grande-Bretagne d’aujourd’hui, Daniel et Katie vont tenter de s’entraider…

Dix ans après « le Vent se lève », Ken Loach décroche une seconde Palme d’Or qui fit pourtant couler beaucoup d’encre, d’aucuns reprochant au cinéaste de se répéter, de céder à la facilité. Je ne sais personnellement pas si « Moi Daniel Blake » méritait plus que d’autres la récompense suprême. Ce qui est sûr, c’est que Ken Loach semble plus affûté et en colère que jamais et que son oeuvre est indispensable. Comme toujours dans son style documentaire, quoique cinématographiquement irréprochable, il nous emmène dans le quotidien kafkaïen de son héros. Souffrant d’un problème cardiaque, il ne peut médicalement travailler alors que l’administration lui intime l’ordre de trouver un emploi. Alors qu’il s’épuise dans ce combat perdu d’avance, il jette ses dernières forces pour venir en aide à une jeune mère célibataire et ses deux enfants, dans une détresse semblable. Ken Loach, sublimant comme toujours ses interprètes, pousse un cri de colère qui devrait résonner longtemps tant il crèvera le coeur des plus endurcis!

4.5